À l’occasion de l’exposition « Poussin et l’amour » au musée des Beaux-Arts de Lyon (novembre 2022-mars 2023), le CRHI inaugure sa nouvelle revue scientifique annuelle, Démiurges, et lance son premier numéro, consacré au thème du corps érotisé.
Depuis l’Antiquité, le corps s’est érigé comme un idéal, incarnant les codes d’une société. Les arts et les médias s’en sont emparés pour le façonner, l’inscrire dans un temps et un lieu pour refléter l’idée, la norme, la déviance par rapport à soi et aux autres. Si l’érotisme évoque, joue sur le sensoriel et l’imaginaire alors que la pornographie chosifie l’acte sexuel, il ne faut pas perdre de vue que le rapport au corps évolue dans le temps. Ce qui est perçu comme érotique et sensuel aujourd’hui pouvait subir la censure auparavant.
Il existe bien des manières de rendre l’érotisme : le corps dans son détail, un geste, un regard, une intention, un hors-champ, etc.
Dans Le Plaisir du texte (1973), Roland Barthes revient sur l’érotisme :
« L’endroit le plus érotique d’un corps n’est-il pas là où le vêtement baille ? C’est l’intermittence qui est érotique : celle de la peau qui scintille entre deux pièces ; c’est le scintillement même qui séduit ou encore : la mise en scène d’une apparition /disparition. »
Les arts et les médias n’ont eu de cesse de renouveler la manière de rendre l’érotisme dans leurs œuvres avec, la plupart du temps, une part d’inattendu pour celui qui observe. En découle tout une possibilité de ressenti : excitation/répulsion, fascination/gêne, rire/colère. Selon que le sujet observé corresponde à la culture ou l’éducation de l’observateur, ce dernier vivra différemment cette confrontation. Chaque regard porte en lui son propre imaginaire érotique.
Selon que le corps est offert de manière consciente ou révélé de manière fortuite, l’observateur devient tout à tour un intime ou un voyeur. L’intention de l’artiste au moment de la création est à questionner tout comme le regard du spectateur.
De l’illustration à la peinture, du cinéma au jeu vidéo, de la bande dessinée au dessin animé, de la littérature à la publicité, l’érotisation du corps continue de déchaîner les passions. Les communications pourront s’interroger sur les notions de male gaze, de female gaze et de cancel culture qui touchent de près à cette thématique.
La revue est particulièrement intéressée par des articles basés sur des recherches récentes ou en cours.
La revue s’ouvre sur trois entretiens d’artistes issus de l’école : François Roca, Yannick Corboz et Jean-Michel Nicollet. Un dossier central réunit les articles d’une vingtaine d’auteurs, enseignants-chercheurs et doctorants. Leurs contributions mobilisent une iconographie extrêmement variée : céramique gréco-romaine, bijouterie ancienne, peinture hollandaise du XVIIe siècle, cinéma d’animation, jeu vidéo…
Le troisième volet de la revue met en valeur quatre projets d’étudiants réalisés au cours de l’année : expositions au musée des Beaux-Arts de Lyon et au couvent Sainte-Cécile de Grenoble, film d’animation coproduit par le mémorial d’Izieu, projet d’illustration jeunesse pour le château de Versailles.
