Émile Cohl (1857-1938) / 2018

Émile Cohl, quand l’image se fait mouvement

En faisant le choix de ne pas se focaliser sur un domaine artistique, Émile Cohl (1857-1938) a fait preuve d’une grande perspicacité, abolissant les frontières entre les arts (caricature, bande dessinée, dessin animé et cinéma). De là découle ce goût pour l’expérimentation et le renouvellement de son approche artistique.

La journée d’étude que nous lui consacrons mettra en avant ses recherches et ses œuvres, en les replaçant dans son contexte historique. Le CRHI de l’École Émile Cohl a fait appel à deux spécialistes du monde universitaire, Jérôme Dutel et Jean-Baptiste Massuet.

Carte blanche à Jérôme Dutel, maître de conférences à l’Université Jean-Monnet de Saint-Étienne

“Deux mèmes du dessin animé : La main du dessinateur & le livre du conteur”

mercredi 19 décembre 2018 // 9h-12h

L’histoire de l’animation est souvent le prétexte à effectuer une dichotomie entre l’esthétique visuelle et la construction narrative – poncif pouvant s’appliquer tout aussi bien en peinture ou en bande dessinée. “Il y a toujours eu dans le cinéma d’animation deux grandes familles : celle des « conteurs » et celles des « peintres »”, explique René Laloux dans Ces dessins qui bougent (Paris, Dreamland, 1996). L’intervenant se propose d’étudier, de manière concurrente, deux éléments si récurrents de l’ouverture des films d’animation que l’on pourrait peut-être parler de mèmes : la main de l’animateur faisant naître le dessin, qui va s’animer, et le livre d’histoire s’ouvrant sur une page pour marquer le début du récit.

Partie 1 : La main du dessinateur

Partie 2 : Le livre du conteur

Partie 3 : Discussion

Jérôme Dutel est maître de conférences en Littérature générale et comparée, membre du CELEC (EA 3069, Université Jean-Monnet, Saint-Etienne). Enseignant l’Expression, la Communication et la Culture à l’IUT de Roanne, il a participé à une trentaine de colloques en dix ans et a dirigé ou co-dirigé trois colloques et deux journées d’étude. Ses thèmes de recherche concernent les fictions linguistiques, les motifs et genres littéraires à l’intérieur des littératures de l’imaginaire, aussi bien qu’une réflexion autour de l’interaction entre texte(s) et image(s), notamment à travers les démarches d’adaptation entre littérature, bandes dessinées et courts métrages d’animation. Il a notamment dirigé l’édition de L’Autorité des genres (Cahiers du CELEC, janvier 2015), co-dirigé avec Yves Clavaron et Clément Lévy, L’Etrangeté des langues (Presses Universitaires de Saint-Etienne, 2011) et avec Eric Dacheux et Sandrine Le Pontois, La BD, un miroir du lien social (L’Harmattan, 2011) et La Bande Dessinée : art reconnu, média méconnu, Hermès n° 54 (CNRS Editions, 2009).

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Carte blanche à Jean-Baptiste Massuet, maître de conférences à l’Université Rennes 2

“Émile Cohl et l’invention du dessin animé”

mercredi 19 décembre 2018 // 14h-17h

Lorsqu’il entame en 1912 son travail pour la firme Éclair et qu’il rejoint en septembre de cette même année les studios de Fort Lee, dans le New Jersey, Émile Cohl débute une ambitieuse production, l’adaptation d’un célèbre comic strip publié depuis le 10 avril 1904 dans le New York World : “The Newlyweds”, de George McManus. C’est un moment important dans l’histoire du dessin animé, puisque c’est à l’occasion de la promotion de cette série que le terme “animated cartoon” se voit employé pour la première fois dans une revue américaine[1] . Mais par ailleurs, le principe de cette série entremêlant héritage graphique de la bande dessinée de McManus (personnages vus en pied, souvent dans un contexte domestique) et expérimentations métamorphiques chères à Émile Cohl, en fait un objet étonnant, à mi-chemin entre le “film à truc” des années 1900 et les premières velléités “narratives” dont se parent les animated cartoons apparaissant dans le courant des années 1910, via les studios new-yorkais de John Randolph Bray ou encore Raoul Barré.

L’intervenant questionnera le statut d’inventeur de l’artiste, pour ensuite s’atteler à une étude de cas.

Partie 1 : Le dessin animé, une invention discursive due à Émile Cohl ?

Partie 2 : Un statut d’inventeur polémique : la question de la technique de prise de vue image par image.

Partie 3 : Émile Cohl et The Newlyweds – Une naissance ambiguë de l’animated cartoon.

Partie 4 : Discussion

Jean-Baptiste Massuet est maître de conférences à l’Université Rennes 2, auteur de l’ouvrage Le Dessin animé au pays du film – Quand l’animation graphique rencontre le cinéma en prises de vues réelles (PUR, 2017) et co-directeur des ouvrages La Capture de mouvement ou le modelage de l’invisible (PUR, 2014) et Point de vue et point d’écoute au cinéma : approches techniques (PUR, 2017). Il a également à son actif plusieurs publications, au sein d’ouvrages collectifs (Archives et acteurs des cinémas d’animation en France, Cinéma(s) et Nouvelles Technologies, Les Œuvres d’art dans le cinéma de fiction, Images Numériques ?, Trucage et Télévision) et de revues (Trafic, 1895, Ecranosphère, Intermédialités, Conserveries mémorielles, CinémAction, Mise au Point et Appareil). Ses études actuelles portent à la fois sur l’histoire des techniques du dessin animé avant les années 1920 et sur l’impact des procédés de motion et de performance capture sur la pensée du cinéma numérique. Plusieurs de ses travaux (communications, articles) ont porté sur le travail d’Émile Cohl.

[1] Anonyme, « The Universal Announces The Greatest Novelty Ever Shown on The Screen », Moving Picture World, vol. 15, n° 8, 22 février 1913, p. 736

Photo : Émile Cohl photographié à New York, en 1913, dans un studio de multiphotographie de Broadway où, par un jeu de miroirs, l’artiste se multiplie et semble converser avec lui-même (© famille Courtet).

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